En rentrant en France, on peut faire face à une crise identitaire et on peut se sentir submergé.e par ses émotions. Cet article est donc une opportunité d’en savoir plus sur ces sujets.
J’ai donc sélectionné des témoignages et des retours d’expériences de personnes de la communauté que j’entends le plus souvent pour les mettre en lumière et y apporter un regard extérieur pour t’aider.
Exceptionnellement pour cet article, je bénéficie de l’appui d’une psychologue spécialisée de ces sujets. Il s’agit de Gwenaël, elle-même expatriée au Guatemala au moment de la rédaction de cet article. Elle apporte à travers ces quelques lignes son regard de thérapeute afin de t’aider du mieux possible à comprendre les changements émotionnels et les questionnements auxquels on peut faire face lors d’un processus de retour au pays.
Qui est concerné par ce choc culturel ?
Cet article s’adresse à tous les français ayant quitté la France. Tu es parti vivre à l’étranger dans le cadre d’une expatriation, d’un PVT, d’un volontariat ou d’un voyage. En arrivant dans un nouveau pays, tu as sans doute fait face à ce choc culturel puisque tu as côtoyé une nouvelle culture, différente de la culture française que tu connais depuis ta naissance si c’est dans ce pays que tu as grandi.
Si tu es français.e et que tu décides de revenir vivre dans ton pays de naissance après ton expatriation alors dans ce cas tu vas sans doute expérimenter le choc culturel inversé. C’est en quelque sorte un choc culturel à l’envers.
Cet article va donc te permettre de mieux comprendre ce phénomène pour mieux te préparer et faire face plus facilement à ces changements.
Le choc culturel qu'est-ce que c'est ?
Voici la définition du terme « choc culturel ». Le choc culturel est la désorientation ressentie par une personne confrontée à un mode de vie qui ne lui est pas familier. Il peut être éprouvé lors de la visite d’un pays étranger, face à l’immigration, lors d’un changement de milieu social ou simplement de mode de vie. C’est ce choc que tu as sans doute vécu à ton arrivée à l’étranger.
Ici, je vais parler du choc culturel inversé ou autrement dit « choc culturel du retour en France » puisqu’il s’agit du choc auquel on fait face lors du retour dans son propre pays.
Les phases du choc culturel
Gwenaël nous partage les différentes phases du choc culturel que l’on peut vivre quand on quitte à l’étranger pour revenir en France.
Le choc culturel du retour est une expérience commune à chaque personne expatriée lors de leur retour. Au fil des mois, on va passer par différentes phases que je vais t’expliquer ici.
La phase 1
En rentrant en France, on va d’abord passer par un moment d’excitation. Cela fait du bien de revenir et de voir nos proches. Les jours passants, la routine va se mettre en place, et c’est là que les choses vont se compliquer.
La phase 2
Peu de gens le savent, mais les étapes du choc culturel inversé sont similaires aux phases de deuil. Pourquoi ? En réalité, retourner dans son pays, c’est devoir dire au revoir à la vie que l’on a eue lorsque l’on était à l’étranger.
En revenant, on doit s’habituer de nouveau à notre culture. Cela peut être plus ou moins compliqué en fonction du temps que l’on a passé dans un autre pays. Les comportements auxquels on était habitué avant nous semblent bizarres ou insupportables à voir.
Il va falloir accepter l’environnement qui nous entoure même si on peut avoir l’impression qu’il manque quelque chose, que c’est trop monotone. On entre alors dans une phase de tristesse où la nostalgie nous tient.
Il est difficile d’en parler à nos proches, car ils ne nous comprennent pas. On peut se sentir isolé, sans savoir vers qui se tourner. Il est compliqué de lâcher prise et d’accepter notre retour dans sa totalité parce qu’on a peur que cela viendrait “annuler’ tout ce que l’on a pu vivre en voyage.
La phase 3
Avec le temps, on entre dans une phase de marchandage et d’ajustement. Penser à notre expérience à l’étranger n’est plus teinté de tristesse. Cela nous fait sourire. En parallèle, on a retrouvé une place dans la société française.
On prend plaisir à voir nos proches, à retrouver une routine qui nous ancre. Parfois, le souvenir du voyage nous rend encore nostalgique, mais sur des périodes plus courtes et moins douloureuses.
La phase 4
Enfin, on arrive à une phase d’acceptation. On va ressentir une sorte d’apaisement. Ce retour ne nous fait plus souffrir. Au contraire, on voit ce qu’il nous apporte. On a réussi à lier la personne que l’on était à l’étranger avec la personne que l’on est en France.
Finalement, ce ne sont pas deux personnes différentes. Cela montre une évolution de ton côté, une transformation que le voyage a pu t’apporter. Tu te sens entier et en accord avec toi-même.
Situations évoquées dans la communauté de Voyage, emploi et retour en France
Perte de repères et crise identitaire
Dans l’épisode audio de Manon diffusé dans le podcast (Re)venir en France, elle évoque « la perte d’identité vécue lors du premier retour en France dans sa région d’origine après son expatriation en Australie ». Elle dit aussi s’être sentie « perdue » lors des premiers mois d’installation dans le nord de la France. Elle reconnaît être surprise de se sentir si mal en étant si jeune.
Elle a évoqué aussi la nécessité de tout recréer professionnellement en France à savoir « trouver un emploi adapté à son profil pour relancer sa carrière en France après avoir vécu à l’étranger ». À cette période, elle se sent capable de « rien professionnellement » alors qu’elle rentre en France avec de nouvelles compétences et de nouvelles expériences professionnelles.
L’avis de Gwenaël concernant cette situation
Lorsque l’on vit à l’étranger, on s’imprègne d’une nouvelle culture. Cela va modifier notre manière de penser, voire nos comportements dans certaines situations. On intègre ces nouvelles normes dans notre identité et elles deviennent une nouvelle base sur laquelle se poser.
Cependant, lorsque l’on rentre, on doit faire face à des codes sociaux dont nous n’avons plus l’habitude. Cela nous paraît bizarre de les voir sous un autre jour alors qu’avant, cela ne nous dérangeait pas.
Cette différence est perturbante et va nous pousser à nous questionner sur la personne que nous sommes à notre retour.
C’est en se confrontant à notre culture d’origine que l’on va prendre conscience de tous les changements que notre expérience à l’étranger nous a apportés. Il est difficile, au départ, de faire la part des choses entre la personne que l’on était avant de partir, et celle qui est revenue.
C’est donc pour cela que Manon a eu ce sentiment d’être perdue. Dans les premiers mois, elle était en pleine phase d’ajustement. Il lui fallait un temps pour faire le point entre tout ce qu’elle a pu vivre et sa vie d’avant.
Avec cette désorientation viennent de nombreux doutes. Il n’est pas rare que notre confiance en nous en prenne un coup, d’où l’impression de Manon de se sentir capable de rien. Le retour de voyage est une expérience intense qui nous fait nous remettre en question.
Une citation pour relativiser lorsqu’on vit entre la France et l’étranger
« Tout homme est tiraillé entre deux besoins. Le besoin de la Pirogue, c’est-à-dire du voyage, de l’arrachement à soi-même, et le besoin de l’Arbre, c’est-à-dire de l’enracinement, de l’identité.
Et tous les hommes errent constamment entre ces deux besoins en cédant tantôt à l’un, tantôt à l’autre, jusqu’au jour où ils comprennent que c’est avec l’Arbre qu’on fabrique la Pirogue. »
Proverbe Mélanésien
Ce que nous apprend cette citation :
Cette citation nous montre que pour s’épanouir pleinement en voyage, on a besoin d’être connecté à nos racines, donc à notre culture d’origine. Notre identité est composée de deux versants :
- l’un est lié à ce qui est personnel : il dépend de la manière dont les événements que nous avons vécus nous ont forgés
- l’autre touche au culturel : il se base sur la culture de l’environnement dans lequel on a grandi.
L’identité culturelle est tout aussi importante que celle personnelle. C’est ce qui forme notre identité en entier. Comme le dit la citation, pour être entier, il faut se rendre compte que c’est en se raccrochant à nos racines que l’on pourra voyager sans se sentir tiraillé.
Notre chez-soi n’est pas seulement matériel, c’est aussi en nous. La culture qui nous est familière reste en nous, peu importe où l’on va. Elle agit comme un phare qui guide les bateaux la nuit pour qu’ils ne se perdent pas. En restant connecté à ses racines, on évitera de se sentir perdu en voyage.
En vivant entre l’étranger et la France, tu traverseras certainement des moments de doute, et c’est ok. Ne t’en veut pas de les avoir, au contraire, prends le temps de te poser et de comprendre pourquoi tu ressens tout cela. C’est en ayant ces petits moments d’introspection que tu pourras lâcher prise et mieux accepter ton style de vie.
Ressentir un décalage au retour
Le décalage peut se ressentir au niveau émotionnel, culturel, avec ses amis ou sa famille, au travail, dans les relations aux autres et aussi dans le quotidien.
Le retour en France auprès de ses proches peut être un choc. En effet, tu t’es construit ces dernières années en autonomie et loin de ta famille. De son côté, ta famille a aussi pris l’habitude de communiquer par téléphone et de te voir une fois dans l’année (par exemple). Les retrouvailles sont souvent joyeuses et la lune de miel dure quelques semaines. Mais parfois après quelques semaines, les relations deviennent tendues.
L’avis de Gwenaël concernant cette situation :
L’expérience du voyage est intense. Elle nous fait découvrir de nouvelles choses sur nous et sur les autres. On va souvent évoluer beaucoup plus rapidement que lorsque l’on était en France.
Le fait d’être bousculé de son train-train quotidien nous pousse plus facilement à avoir des moments d’introspection. En rentrant en France, on va se sentir totalement différent. Cependant, nos proches ne vont pas forcément percevoir cela tout de suite.
Après tout, ils ne t’ont vu que quelques fois, et souvent par appels téléphoniques. Il est fort possible que toi aussi, tu ne prennes pas en compte (au départ) les changements que tes proches ont pu avoir.
On va aussi avoir du mal à concilier la personne que l’on était avant de voyager et celle que nous sommes devenus à travers notre expatriation. Cela fait beaucoup d’informations différentes à digérer.
Tout cela crée donc un décalage. On va avoir l’impression qu’aucun de nos proches ne peut nous comprendre. Des sentiments de solitude peuvent nous traverser. Toutes ses émotions sont perturbantes, car on ne s’y attend pas forcément à notre retour.
L’important, c’est de se donner du temps. Il est tout à fait normal de ressentir ce décalage. Se réhabituer à la vie en France ne se fait pas en une nuit. Rassure-toi, ce décalage n’est pas définitif.
Les ex-expatriés comparent leur retour en France à…
Ces témoignages et ces comparaisons montrent la puissance d’un retour en France où tout est décuplé parce que tout se joue en même temps (recherche de logement, recherche d’emploi, démarches administratives, décisions à prendre, dépenses à effectuer, déménagement à prévoir…).
Un TGV à pleine vitesse
Dans son épisode de podcast, Joanna explique qu’elle ressent être montée dans un TGV à Toronto. Celui-ci avance à pleine vitesse jusqu’à son arrivée en France et même sur plusieurs mois après son installation.
Une autoroute
Nathalie était elle aussi au Canada. Elle compare son retour en France à une autoroute. Elle explique ressentir qu’on lui a bandé les yeux et qu’on l’aurait déposée sur une autoroute. Elle ressent que tout va vite et se sent parfois dépassée par tout ce qu’il y a à gérer. Alors même si elle est épanouie dans sa nouvelle vie en France, elle mentionne la difficulté émotionnelle à gérer une fois installée en France dans sa nouvelle ville de cœur, Annecy.
Une machine à laver
D’autres personnes évoquent la puissance de la machine à laver en référence à ce chamboulement notamment émotionnel qu’on vit quand on revient.
L’avis de Gwenaël concernant ces situations :
Au retour d’expatriation, tout nous tombe un peu dessus. Entre voir ses proches, gérer le côté administratif, ressentir la nostalgie du voyage et en même temps essayer de retrouver une routine en France ; tout s’enchaîne.
On veut se reconstruire une certaine stabilité, et assez rapidement, car être dans une situation de flou peut faire monter nos angoisses. Du coup, on essaye de tout faire en même temps, et on oublie facilement de se poser. Cela peut donc donner l’impression de se retrouver d’un coup sur une autoroute ou à bord d’un TGV.
En vivant à l’étranger, on a vécu plein d’expériences différentes. Ces dernières ont pu nous changer. Cependant, on ne va réellement prendre conscience de ces changements que lorsque l’on est confronté à notre “vie d’avant”. Au retour, on doit faire face à une tout autre adaptation.
Se rendre compte en rentrant que l’on n’est plus la même personne et que nos proches aussi ont évolué peut-être très perturbant. Cela donne une impression de flou, on peut se sentir perdu, tout se mélange, un peu comme dans une machine à laver.
À tout cela, il faut bien sûr ajouter le choc culturel inversé, ce bouleversement émotionnel qui ajoute une couche à l’expérience du retour. Ton esprit peut se retrouver tiraillé entre la nostalgie de ta vie à l’étranger et tout ce que tu peux retrouver en étant en France. La fatigue mentale va se faire sentir assez rapidement. On peut avoir des moments de frustration, des difficultés à dormir, l’impression d’être à fleur de peau avec parfois des larmes qui nous montent aux yeux sans que l’on comprenne pourquoi… C’est intense, et fatiguant.
Nos conseils pour t'aider à surmonter ce choc culturel inversé
La partie émotionnelle du retour en France est souvent cachée. Puisqu’on revient chez soi, on ne s’attend pas à ressentir des émotions contradictoires et à vivre un retour difficile. Voici ci-dessous quelques astuces à mettre en place.
Faire preuve de patience
Que ce soit au niveau émotionnel ou plus global dans ce retour en France, j’ai remarqué que très souvent les personnes qui vivent un changement de vie aussi important ont besoin d’environ une année pour se sentir bien de nouveau dans leur pays d’origine après leur installation. Il faut donc faire preuve d’une grande bienveillance envers soi-même et être patient.
Ta recette du bonheur
Un exercice que je propose souvent aux personnes qui me sollicitent pour obtenir de l’aide dans le cadre de leur retour aux sources, c’est celui de la recette du bonheur.
Questionne-toi sur TA recette du bonheur.
- Qu’est ce qui est important pour toi au quotidien ?
- Quels sont les petits bonheurs que tu devrais avoir dans ton quotidien pour être épanoui ?
- Quelles sont les actions à mettre en place pour te sentir bien dans ta peau ?
Prendre du recul
Lors du retour dans ton pays d’origine, il sera judicieux de prendre du recul, de faire preuve de patience, de bienveillance, de flexibilité pour t’adapter facilement face aux situations que tu vas rencontrer.
N’hésite pas à prendre du temps pour faire sortir tes pensées. Cela peut être par écrit, via la peinture, le dessin ou toute autre activité créative. En rentrant, ton cerveau va tourner à plein régime.
Plutôt que de tout garder dans ta tête et de ruminer, prend le temps de tout faire sortir, peu importe le média que tu utilises. Cela t’aidera à te sentir plus léger.
Faire une pause dans cette transition
Lorsque cela est possible, je recommande de prendre le temps de s’offrir une pause. Celle-ci permet de se sentir mieux émotionnellement mais aussi de prendre du temps pour soi, pour se reposer et pour recharger ses batteries. Être en pleine forme nous permettra d’être plus réceptif et moins sur les nerfs face aux différentes situations rencontrées et qui peuvent parfois être difficiles à gérer.
La pause peut être effectuée en amont du retour pour finaliser toutes ses démarches sereinement dans son pays d’accueil (déménagement, repos, profiter des derniers instants…) ou encore à l’arrivée pendant plusieurs semaines. La pause à l’arrivée permettra d’être plus reposé.e et prêt.e à reprendre le travail.
Demander de l'aide
Tu peux demander de l’aide et te faire accompagner par un professionnel de santé. Mais tu peux aussi demander de l’aide à ta famille ou à des amis.
Je t’invite également à entrer en contact avec d’anciens expatriés qui sont, tout comme toi, de retour en France. Grâce au kit du retour en France, tu pourras rencontrer des personnes dans la mêmê situation que toi. Cela fait du bien de trouver une communauté qui puisse comprendre les différentes émotions que l’on va traverser à notre retour.
Il est nécessaire de pouvoir partager ce que tu ressens plutôt que de ruminer dans ton coin. Lors d’un retour d’expatriation, tu as besoin de soutien, alors ne t’en prive pas !
Le kit du retour en France pour te préparer
Le kit du retour en France est l’unique programme qui t’aide à te préparer pour vivre ton retour en France sereinement.
En rejoignant le kit du retour en France, tu vas pouvoir trouver toutes les réponses à tes questions afin de planifier les différentes étapes de ton retour. Mais l’avantage, c’est que tu feras partie d’une communauté puisque tu pourras rencontrer les autres participants de ce programme qui se préparent également pour réussir leur retour en France.
Seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin ! Rejoins-nous pour te préparer sereinement.